Cela fait déjà un bout de temps que je pense à écrire cet article. Vous êtes nombreuses à me poser la question : alors le 4/5iè c’est comment ? Voilà déjà cinq mois que j’ai opté pour le travail à temps partiel. J’ai mes mercredis. Mais concrètement, comment ça se passe ?
Dire que tout est rose serait vous mentir mais clairement, pour rien au monde je ne reviendrais en arrière. Commençons donc par les petits inconvénients :
– Au final, on travaille plus que 4 jours :
Oui, c’est vrai, plusieurs mamans me l’avaient dit, on y perd côté temps de travail versus salaire parce que tout simplement il faut faire le même boulot sur 4 jours. Par contre, dans mon cas, c’est moins pire que ce qu’on m’avait prédit. Ainsi, j’ai des copines qui m’expliquent travailler l’équivalent de 5 jours sur 4 jours et qu’elles font donc beaucoup d’heures quand elles sont au bureau. Moi, je dirais que j’en suis à 4 jours et demi : en gros, le mardi soir, je ramène mon ordinateur à la maison et je termine certains dossiers quand les enfants sont couchés pour couvrir ce que je ne peux pas faire le mercredi. Le jeudi et le vendredi, j’arrive quasi une heure plus tôt le matin au bureau pour rattraper le travail qui s’est accumulé en mon absence. Donc, oui, je dirais qu’au final je rattrape environ 4h, soit une demi-journée, pour laquelle je ne suis pas payée.
– On est mal vu par son chef ?
Oui et non. Là, encore c’est moins pire que ce que j’appréhendais : au moment où j’ai demandé mon 4/5iè, je n’ai pas eu l’impression que mon chef m’adorait 😉 mais après 5 mois, je dirais que nos relations sont comme avant. Ni moins bonnes, ni meilleures. Par contre, je pense qu’auprès de certaines personnes au bureau je ne passe pas pour une grande travailleuse même si je fais très bien mon travail. Je sens que j’ai perdu en crédibilité et en image de sérieux…
– Les collègues oublient souvent que je suis au 4/5iè
Systématiquement, on me colle des réunions le mercredi. Du coup, je décline l’invitation et je sens que la personne a l’impression que je ne prends pas son sujet au sérieux. Je suis sans cesse obligée de rappeler que je ne suis pas là le mercredi, et à chaque rappel, j’ai l’impression de descendre dans l’estime de mon interlocuteur. Mais bon, c’est comme ça.
– Au 4/5iè, on gagne moins
Au bureau, j’ai des collègues, mamans d’enfants de moins de 3 ans et donc tout à fait éligibles au 4/5iè qui me disent : tu as de la chance toi de ne pas travailler le mercredi ! « Veinarde » me dit-on. Quand elles me parlent ainsi, j’ai l’impression que pour elles, j’ai gagné à la loterie et que j’ai pioché la carte « vous avez gagné un 4/5iè ! » à la kermesse des ressources humaines ! De la chance ? Selon moi, c’est aussi un choix, avec ses avantages et ses inconvénients. C’est renoncer à une partie de son salaire (1/5iè moins l’aide de la CAF). Pour certaines personnes, ce n’est pas possible, c’est vrai, donc par rapport à ces mamans, j’ai la chance de pouvoir me le permettre. Par contre, les collègues qui me disent m’envier pourraient en faire autant si elles le voulaient. Il n’y a pas de honte à ne pas vouloir un 4/5iè mais arrêtez de me dire que c’est une question de chance !
Malgré tous les points cités ci-dessus, je suis très heureuse avec mon 4/5iè :
– Une journée de plus avec mes enfants, c’est si précieux !
Une journée, ce n’est qu’une journée mais c’est 24h 😉 On fait beaucoup de choses en une journée, on voit beaucoup de sourires. En plus, c’est un temps privilégié : je ne les ai que pour moi ; alors que le week-end, à quatre, c’est une tout autre dynamique. Le mercredi, je me sens vraiment proche d’eux. J’ai beaucoup moins l’impression de passer à côté de beaux moments.
– Une semaine plus équilibrée entre le travail et les enfants
La semaine est équilibrée entre 3 jours à la maison et 4 au boulot. C’est une répartition qui me convient même si je m’imaginerais bien travailler encore moins 😉 et rester profiter encore plus de mes enfants. En tout cas, contrairement à avant, je ne culpabilise plus d’aller travailler. Évidemment, il n’y avait aucune raison de culpabiliser mais ce beau constat est plus facile à dire qu’à faire ; dans les faits, c’est en réduisant mon temps de travail que je me suis sentie mieux, plus légère dans mon habit de « working mum ».
– En dehors de mon rôle de maman, le 4/5iè est très bénéfique pour moi de manière plus large et plus personnel.
Cette pause au milieu de la semaine est vraiment quelque chose dont j’avais besoin, une bouffée d’air pour me sentir plus zen, pour ne pas avoir l’impression de courir, pour décompresser du stress du boulot. Pour le coup, j’ai de la chance que mon 4/5iè n’ait pas pu m’être refusé car je suis maman d’un enfant de moins de 3 ans mais dans l’absolu, même sans enfant, c’est d’un 4/5iè dont j’aurais eu besoin, pour me ressourcer. Je sens la différence : je suis moins fatiguée, de meilleure humeur, j’ai davantage d’énergie le jeudi et le vendredi. Le mardi soir, je me sens en week-end. C’est comme un deuxième vendredi dans ma semaine. Bref, ce rythme me fait beaucoup de bien et je ne m’y attendais pas ; d’autant plus que nous savons toutes que s’occuper d’enfants n’est pas de tout repos et pourtant, pour moi, le mercredi passé avec eux sans travailler me fait beaucoup de bien.
– Du temps privilégié pour un seul enfant.
Je vous l’avais expliqué : ma nounou n’est pas passée au 4/5iè elle. Donc, je la paye le mercredi comme avant, même si elle ne s’occupe pas de mes enfants. En effet, je suis en garde partagée et l’autre famille a besoin d’elle le mercredi. Changer de contrat, voudrait dire changer de nounou, ce que je ne conçois pas étant donné la perle que nous avons trouvée. Résultat : de temps en temps, je lui laisse Ticoeur ou Titpuce afin de prévoir une activité seulement avec l’un ou l’autre : par exemple, un ciné avec mon fils ou une session shopping avec ma fille 😉 Je trouve que réussir à passer du temps avec ses enfants séparément c’est bien pour eux. On peut faire d’autres choses et ça rajoute à notre relation. Pour l’aîné, c’est avoir à nouveau sa maman pour lui tout seul et pour l’enfant le plus jeune c’est découvrir ce que ça fait d’être un enfant unique. Enfin, quelques fois, je laisse les deux à la nounou pendant une petite heure, le temps d’un footing ou d’un hammam avec une copine 😉 c’est important aussi de s’octroyer quelques moments pour soi, de temps en temps.
– Réapprendre le goût des plaisirs simples
Moi qui rêve toujours d’horizons lointains, de nouvelles expériences et d’aventure, j’aime que mes mercredis me remontrent le goût des choses simples : passer à la bibliothèque choisir des livres avec les enfants, préparer des crêpes pour le goûter, papoter avec d’autres mamans, se poser dans les parcs et les jardins. Alors, oui, parfois, je me lance dans de vrais petits programmes du mercredi mais le plus souvent, on ne fait rien d’extraordinaire et j’aime ça ! Par contre, contrairement à ce que m’ont raconté certaines mamans, je ne me retrouve pas à passer la journée à faire du ménage, du repassage et des lessives ! Si le programme est simple, il est néanmoins plaisant 😉
Bref, un jour de plus avec les enfants, plein de bons moments, beaucoup de complicité et leurs rires pour relativiser le reste !
Et vous ? Quelle est votre expérience du 4/5iè ?