Il y a 25 ans je rêvais de partir en Australie. Un rêve d’adolescente qui pensait que tout était possible surtout si on était à l’autre bout du monde. J’avais adoré regarder Le Péril Jeune avec Romain Duris et dans ce film il est question de tout plaquer pour aller élever des autruches en Australie. L’élevage d’autruches ne m’a jamais tentée 😉 mais cette idée d’un nouveau départ, loin de tout me séduisait énormément, surtout quand j’y pensais en écoutant quelques musiques des Pixies. (Si vous n’arrivez pas à suivre c’est que vous êtes trop jeunes ;-)).
Pourquoi l’Australie ? Pour ses paysages sauvages et ses grands espaces. Je connaissais parfaitement la géographie du pays et je pouvais en dessiner les contours les yeux fermés. Une passion.
Je me suis longtemps accrochée à ce rêve comme on peut le faire quand on a 16 ans… Cela a longtemps été dans un coin de ma tête comme un rêve que j’allais réaliser quoi qu’il arrive.
Et pourtant, le temps a passé et j’avoue que mon rêve australien je l’ai laissé de côté. Pourquoi ?
Parce qu’il me rappelait l’adolescence et que c’est une période ambigüe avec pas que des bons moments
Parce qu’il me rappelait des personnes que je ne vois plus du tout, des amis de lycée qui ont brutalement coupé les ponts.
Parce qu’on est pris par le tourbillon de la vie active qui au quotidien laisse trop peu de place à la rêverie…
Parce qu’au fur et à mesure je me suis dit que j’avais trop longtemps idéalisé l’Australie et que je serais déçue si j’y allais.
Oui la peur de la déception est devenue immense. Je me suis dit que l’Australie c’était sans doute bien mais pas exceptionnel et sans doute pas à la hauteur de ce que j’avais rêvé…
Enfin, comme j’étais avant tout attirée par les grands espaces sauvages je suis d’abord allée dans l’ouest américain (à 17 ans, en colo) et j’ai beaucoup aimé. Par la suite je suis souvent retournée aux Etats-Unis où j’ai même vécu et le rêve australien s’est peu à peu éloigné pour laisser place au rêve américain qui avait l’avantage d’être devenu réalité même si des Etats-Unis il y a de nombreuses facettes qui je n’aime pas.
Le temps a passé… J’ai continué de faire un peu de boomerang à Bagatelle : et oui, y a pas que dans Le Dîner de Cons qu’il y a des gens qui font du boomerang et franchement je vois pas ce qu’il y a d’idiot là-dedans… C’est sportif, c’est pas évident et c’est beau un boomerang quand ça revient… Mais au fil des ans ma collection de boomerangs s’est recouverte de poussière.
Après mes 30 ans je crois que je n’avais même plus envie d’aller en Australie. Il y a tant d’autres pays à découvrir, moins loin, moins chers et tout aussi intéressants. Je ne doutais pas des attraits de l’Australie mais je n’y voyais plus rien d’exceptionnel. Le rêve s’était terni.
Après mes 40 ans (l’an dernier), c’était différent. On regarde davantage en arrière à 40 ans, plus sereinement surtout et on a terriblement envie de se limiter à l’essentiel. Or une des choses qui m’est apparue comme absolument essentielle était de ne pas mettre mes rêves d’enfant ou d’adolescente au placard. Je voulais être journaliste reporter pour écrire et voyager, je voulais écrire des romans et je voulais aller en Australie. Je vais donner plus de place à ces envies (c’est aussi pour ça que j’aime tenir ce blog, pour l’écriture). Donc mon rêve australien a ressurgi quand nous avons décidé de partir en Tour du Monde avec les enfants. Je me suis dit que j’allais pouvoir réaliser mon rêve mais sans les nostalgies du passé, juste avec un nouveau regard, et surtout avec ceux que j’aime. C’est ainsi que l’Australie a atterri sur la liste des pays à voir absolument cette année.
Je ne savais pas à quoi m’attendre. Allais-je être déçue après tant d’années ? Finalement, pour ne pas risquer la déception je me suis juste dit : allez, on va voir à quoi ça ressemble ! Sans exigence, sans souhait précis, sans espérance. Et puis ça m’a saisie, soudain, sans crier gare : j’ai été émue, terriblement émue quand je suis descendue de l’avion à Perth, sous un grand soleil. Je n’avais encore rien visité du pays mais j’ai compris que la réalisation de mon rêve avait plus d’importance que je ne l’aurais cru ces dernières années.
Nous avons visité un bout de l’ouest australien et j’ai flotté comme dans un rêve. Dans MON rêve. Les plages de sable blanc, les oiseaux tropicaux qui volent tous les jours au-dessus de nos têtes, le grand ciel bleu, les espaces immenses, la tranquillité, l’art aborigène, les clichés aussi : les kangourous, les koalas… Tout était magique ! Pour moi. Par rapport à mon histoire sans doute. Et tout était plus beau que je ne l’aurais cru. Comme quoi ! Après 10 jours en Australie occidentale, nous avons parcouru très peu du pays mais j’étais déjà tombée amoureuse. J’ai même acheté un boomerang que j’ai très envie de faire voler dans le Centre Rouge, à Uluru. C’était beau la Nouvelle-Zélande, très beau même mais j’avais envie de revenir ici, en Australie. L’amour pour une destination c’est pas juste une question d’attrait touristique ; c’est également lié à des histoires personnelles, à des émotions. L’Australie sauvage, dépaysante, différente et immense. L’Australie et moi on avait pris rendez-vous depuis bien trop longtemps. Nous y revoilà donc, pour de belles semaines entre Sydney et Adélaïde puis entre Adélaïde et Darwin… Beaucoup de kilomètres en perspective, beaucoup d’espace à appréhender et surtout : la continuation d’un rêve !
« Faites que le rêve dévore votre vie afin que la vie ne dévore pas votre rêve. » Antoine de Saint-Exupéry
Sur Manly Beach (plage de surfeurs – c’est pas pour moi le surf par contre !).