Il y a des moments comme ça. Heureusement, ils ne sont pas nombreux. Et sans doute sont-ils naturels. Après tout, nous sommes expatriés ; un peu déracinés quand même. Et ce n’est pas l’Angleterre mon problème vous le savez. C’est notre « coin paumé ». Peut-être parce qu’il a fait gris, peut-être parce que j’avais envie d’autres horizons ou peut-être juste parce que mon Paris me manque, en tout cas, cette semaine, je me suis sentie aussi paumée que mon village. Village que j’ai donc été ravie de quitter le temps d’un week-end à Brighton… Week-end qui m’a bien redonné la pêche !
Revenons à mon village. Tout a commencé par un événement fort futile mais alors vraiment futile je vous préviens : j’ai voulu m’acheter un nouveau blush. J’ai alors vu sur internet qu’il était disponible chez John Lewis à Southampton (c’est l’équivalent des Galeries Lafayette ou du Printemps). Jusque là, rien d’étonnant. Donc je quitte mon village pour « aller en ville » et c’est parti pour 30 minutes de voiture. Je déteste conduire vous savez. Et je déteste les grands centres commerciaux. Je n’étais donc absolument pas dans mon élément. J’arrive tout de même à ne pas me perdre, à ne pas me prendre un poteau dans le parking et je débarque chez John Lewis, au rez-de-chaussée où se trouvent tous les stands de maquillage. Je tourne, je tourne et je ne vois pas la marque que je cherche. Je demande alors à une vendeuse et là surprise, elle m’annonce que les produits de cette marque sont tout à fait disponibles chez eux mais uniquement sur internet, pas dans le magasin de Southampton. Je demande donc si je peux aller dans un autre John Lewis de la région : Portsmouth, Winchester, etc… Et là, elle me dit (je traduis) : « bien sûr, sans aucun soucis, vous trouverez votre marque de maquillage chez nous, dans notre magasin à Londres ». A Londres !!! A 144km de là… Une bagatelle pour acheter un blush ! Donc en tout j’ai fait 1h de route aller-retour pour rien. Dire qu’à Paris, j’aurais juste eu à marcher 5 minutes jusqu’au prochain Sephora ;-). Là, je fais ma Parisienne, je vous l’accorde, et je comprends à présent les personnes en province qui se plaignent de ne pouvoir compter que sur la vente à distance. Mais pour choisir et essayer une couleur de blush, internet ce n’est pas pratique.
Je me plains mais le lendemain j’avais de toute façon prévu d’aller à Londres : pas pour acheter du blush, je vous jure ! Mais pour un rendez-vous pro. Et là, ma susceptibilité a encore été mise à l’épreuve : la personne rencontrée me demande d’où je viens et quand je lui dis « from Hampshire », elle me répond : « Never heard of it, where is it? ». Incroyable ! Je n’ai pas encore croisé le Parisien qui ne connaissait pas la Normandie mais qui sait !
A Londres, la météo était morose aussi ; pas de quoi me remonter le moral (même si j’ai trouvé mon blush !). Je n’avais pas emmené de parapluie donc j’ai marché des heures sous une averse continue. Complètement lessivée, les cheveux et les vêtements trempés, je passe devant la Cathédrale St Paul. C’est l’heure de l’Eucharistie. Et ça c’est top ! Non pas que je rêvais d’assister à un service religieux mais ça voulait dire qu’il était possible de rentrer dans St Paul sans payer :-). Je précise que la visite payante vaut largement la peine car on a accès à plus de parties, au dôme, aux galeries, à la crypte… Mais là, je voulais juste un abri. La pluie donne la foi… Et un abri comme St Paul c’est le paradis ;-). St Paul est vraiment une superbe cathédrale. Pour la petite histoire, son architecture a été copiée par les Américains quand ils ont bâti le Capitole à Washington. Regardez des photos des deux édifices, on dirait des jumeaux ! Bref, j’ai admiré St Paul, ses dimensions vertigineuses, ses peintures, ses mosaïques, son silence. J’adore ! Puis je suis repartie en vadrouille dans les rues de Londres et j’ai eu le droit à une seconde douche tropicale à l’anglaise !
Pour sécher, j’ai passé vingt minutes dans la boutique Whittard (boutique de thé) au sous-sol de Covent Garden car sachez-le, dans cette boutique il fait très chaud et la soufflerie fonctionne à fond, on a l’impression d’être chez le coiffeur ! J’espère que vous appréciez les tuyaux incroyables que je vous donne sur Londres aujourd’hui ! Le pire, c’est qu’au grand désespoir des adorables vendeuses, je n’ai rien acheté car je ne fais pas d’infidélité à Fortnum & Mason moi ! Après ce brushing improvisé, j’ai erré dans les rues de Londres et le soleil m’a fait le coup de montrer le bout de son nez au moment où il me fallait reprendre le train pour mon fameux Hampshire !
De retour dans ma grande maison (je ne nie pas les avantages de la campagne !), j’ai cherché un autre remède contre le blues de la France : j’ai cuisiné. Rien de tel que quelques recettes bien françaises pour se faire plaisir, comme une tarte amandine aux poires par exemple…
Et puis rien de tel que la lecture de l’actualité pour rire un peu : donc le Brexit c’est tellement un truc génial qu’ils préfèrent le reporter :-)…
Heureusement, il y a eu de vraies choses positives cette semaine et, pour ne pas changer, c’était l’école et… le week-end !
L’école anglaise
- Je suis allée à la soirée parents-profs pour les petites classes : la maîtresse de Titpuce a été dithyrambique sur ses progrès. C’est vrai qu’elle lit vraiment bien à présent. Elle écrit même de longs textes en anglais (avec des fautes d’orthographe à presque chaque mot, je vous rassure…;-)). Elle a inventé un conte de Pâques avec des lapins bleus (elle écoute trop Emilie Jolie à la maison !). Son écriture est très soignée. Et puis surtout, il y a eu le prof d’art qui m’a dit que de toute sa carrière, il n’avait jamais vu une enfant de 7 ans aussi douée en dessin. Nous avons remarqué ses dons artistiques depuis longtemps. Déjà, à 4 ans, pendant notre tour du monde, elle faisait de jolies aquarelles… Je me demande ce que cela donnera plus tard. Peut-être que pour notre retour en France, il faudra que je l’inscrive directement aux Beaux-Arts :-).
- Ticoeur connaît super bien son texte pour l’audition de théâtre, audition qui aura lieu demain. Croisons les doigts ! Il a tellement envie de décrocher un rôle. Côté lecture, il a recommencé Harry Potter mais en anglais. Il en est au tome 2 et il préfère la version anglaise. Selon lui, la traduction n’est pas terrible :-). Apparemment, c’est surtout le niveau de langage d’Hagrid qui ne serait pas suffisamment rustre dans la version française. Je proposerai à J.K Rowling de laisser Ticoeur traduire ses livres :-). A part ça, Ticoeur adore déjà le hockey sur gazon qu’il vient de découvrir en cours de sport à l’école. Il a décrété que c’était son sport préféré devant le foot ! Il va falloir que j’aille regarder un match pour mieux comprendre cette nouvelle passion !
- J’entends de plus en plus Ticoeur et Titpuce parler anglais entre eux ! Frightening!
Week-end à Brighton
Vous nous connaissez : nous ne restons pas en place ! Et pour le coup, vivre à l’étranger donne vraiment envie de bouger pour mieux connaître son pays d’adoption, non ? Ce week-end, nous avons jeté notre dévolu sur Brighton…
« Papa Voyage » y était déjà allé quand il était étudiant à Londres (il y a quelques décennies donc) et moi je ne connaissais pas. Brighton est célèbre pour sa plage, son pier, sa promenade mais de loin ce que j’ai préféré c’est l’ambiance bohème des lanes. Il s’agit d’anciennes ruelles, très animées qui m’ont rappelé l’animation de Portobello road à Londres (relire mes conseils sur Notting Hill). Ces lanes regorgent de petits cafés, salons de thé, glaciers, fromagers (le rêve !) et de nombreuses boutiques vintage. Mais avant tout, on croise énormément de graffitis à Brighton car le street art y est roi. La balade colorée a d’ailleurs bien plu aux enfants !
Aussi, nous avons aimé déguster les petits pots de fruits de mer vendus dans les cabanes le long de la plage :
Enfin, nous avons pu montrer le « Taj Mahal » aux enfants ! Enfin, le Pavillon Royal bien sûr, avec son style anglo-indien du début du 19iè siècle. Quelle folie, quelle extravagance, quel exotisme ! Comme pour le Taj Mahal, ce palais cache une histoire d’amour, puisque le futur roi George IV y retrouvait sa chère maîtresse, dans le plus grand secret car elle avait le vilain défaut d’être catholique !
Dernière remarque sur Brighton : je vous disais que ce n’est ni son front de mer, ni son Pier qui m’ont charmée (je préfère ceux de Portsmouth) mais il a quelque chose qui rendrait la promenade absolument romantique et esthétique : la rénovation de la Madeira Drive (voir photo ci-dessous) : se promener sous ces arcades du début du 19iè siècle serait un beau voyage dans le temps. Et même si aujourd’hui, l’endroit est inaccessible et délabré, on en devine clairement le potentiel :
Apparemment, il y a des projets pour la sauver cette élégante promenade couverte. Évidemment, ça coûte des millions. J’aurais bien suggéré aux Anglais de demander quelques aides à l’Union Européenne pour mettre en valeur ce superbe patrimoine historique but…
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A l’heure où je vous écris, nous sommes de retour dans notre petit village, au plus grand calme ; et je me sens davantage en phase avec cette quiétude après mes doses d’animation et de vie citadine à Londres et à Brighton !
Et vous ? Plutôt rat des villes ou rat des champs ? Ou comme moi en perpétuelle hésitation ?!