Le sujet de la violence à l’école (physique ou psychologique) me touche énormément, surtout depuis notre retour à Paris, depuis notre retour de Tour du Monde et justement depuis le retour à l’école. Globalement nous n’avons pour l’instant jamais eu de gros problèmes mais quand parfois mes chéris se font chahuter dans la cour de l’école, mon cœur de maman s’inquiète et il n’est pas simple de savoir comment donner les défenses nécessaires à nos enfants. Même s’il ne faut pas dramatiser, je pense qu’il faut ouvrir les yeux et prendre certains sujets au sérieux pour anticiper, pour que l’école ne devienne pas pour certains un lieu de souffrance. Parce qu’il vaut mieux prévenir que guérir, j’ai lu pas mal de livres sur le sujet du harcèlement scolaire et de la violence à l’école et j’aimerais partager avec vous mes réflexions. L’objectif c’est que nous avancions, que nous nous aidions, entre mamans, pour savoir comment réagir la prochaine fois que nos chéris nos disent « y a quelqu’un qui m’a embêté à l’école aujourd’hui »… Juger de la gravité de ce « embêter », de sa fréquence et trouver des solutions.
J’ai accompagné la classe de mon fils (CE1) à la piscine et c’était un bazar sans nom, impossible de contrôler ces petits dans le vestiaire. Sur le trajet vers la piscine je suis intervenue quatre fois pour défendre un enfant qui recevait des coups de pied gratuits de la part des enfants qui étaient juste derrière lui dans le rang. Vous savez quoi ? Quand nous sommes rentrés à l’école, j’ai lancé un « au revoir » à toute la classe et j’ai tourné le dos pour m’en aller. Le petit garçon que j’avais défendu m’a couru après et m’a tendu sa montre en me disant qu’il me l’offrait car depuis la rentrée j’avais été la seule à le défendre ! Inquiétant non ? Il laissait donc sous-entendre qu’il subissait les mêmes brimades régulièrement depuis la rentrée. Quand les moqueries ou les coups se répètent c’est là qu’on parle de harcèlement. Il faut intervenir sinon la situation peut durer des années et atteindre profondément la victime, voire la détruire psychologiquement dans les pires cas.
Ma puce (4 ans et demi) s’est pris un coup de poing dans la figure le mois dernier, juste comme ça. Je précise que la maîtresse, le directeur de l’école et les parents de l’enfant ont tous pris le sujet très au sérieux et le point a été résolu, vu avec tout le monde. Les faits ne se sont pas renouvelés. La position de l’équipe enseignante et des parents est cruciale pour la résolution du problème de la violence et du harcèlement scolaire. C’est notre problème à tous. Chacun doit prendre ses responsabilités.
J’en profite aussi pour tuer ce qui est à mon avis un préjugé : il n’y a pas que dans les milieux sociaux défavorisés que l’on trouve des cas de harcèlement et de violence scolaire. Je pense que c’est avant tout une question d’éducation et de valeurs. Il y a des gens soi-disant « bien comme il faut » qui n’en ont rien à cirer du respect des autres, de la tolérance et qui ne se soucient que des résultats, des chiffres et de la future « réussite » de leurs enfants. Je ne suis pas en train de dire qu’on ne doit pas accorder de l’importance à la bonne assimilation du programme scolaire par nos enfants mais je suis convaincue que ce ne peut pas être le seul objectif : nous formons tous aussi des êtres humains, des citoyens et pas des bêtes à concours. Justement, nous habitons dans un quartier « bien fréquenté » avec des « gens bien comme il faut » mais cela ne m’empêche pas d’observer des comportements inadmissibles. D’après mes lectures, oui, il est vrai que la violence physique est plus importante dans les zones difficiles ; par contre, le harcèlement, qui est lui plus insidieux, plus psychologique est présent dans tous les milieux.
Croire que les problèmes ne sont que dans les zones difficiles c’est dangereux car on peut passer à côté de quelque chose, en faisant l’autruche et en pensant que ça n’arrive qu’aux autres dans les coins « mal fréquentés ». Je vous rappelle le dernier triste événement en date : un enfant de 10 ans a mis fin à ses jours en octobre dernier dans une école « très bien » de Saint-Germain-en-Laye, parce qu’il souffrait des moqueries répétées de ses camarades de classe. Et il y a hélas bien trop d’autres exemples. C’est essentiellement au collège que les problèmes se corsent et qu’il faut être vigilants.
Que pouvons-nous faire contre le harcèlement scolaire et la violence à l’école ?
Je n’ai pas de solution miracle ni le pouvoir de changer le monde mais je pense que chacun à sa petite échelle peut faire quelque chose et voici quelques idées :
1 – Comprendre ce qu’est le harcèlement scolaire et comprendre que cela peut toucher chaque enfant.
Définition du harcèlement scolaire : « Le harcèlement se définit comme une violence répétée qui peut être verbale, physique ou psychologique. Cette violence se retrouve aussi au sein de l’école. Elle est le fait d’un ou de plusieurs élèves à l’encontre d’une victime qui ne peut se défendre ». Source : site de l’Education Nationale. Retrouvez d’ailleurs sur leur page les chiffres officiels du harcèlement.
Voici également des livres qui m’ont aidée à mieux appréhender la question :
- Harcèlement et brimades entre élèves, Jean-Pierre Bellon
- Je me défends du harcèlement, Emmanuelle Piquet
- Lili est harcelée à l’école, Dominique de Saint Mars Collection Max et Lili
- Marion 13 ans pour toujours, Nora Fraisse : je n’ai pas lu le livre mais j’ai vu le film en streaming (film-documentaire France 3), un film choc que les parents devraient voir absolument pour être bien conscients du problème de harcèlement scolaire et de sa complexité. Dommage que France 3 ne l’ait pas laissé plus longtemps sur internet, ce serait pourtant d’utilité publique.
2 – Apprendre le respect d’autrui et la tolérance à nos enfants. C’est notre responsabilité et notre devoir à tous en tant que parents. Les enseignants doivent aussi être de très bons relais sur ces sujets mais je pense que la responsabilité première incombe aux parents. Si vous vous sentez débordés par le comportement de vos enfants (parce que l’éducation n’est pas un sujet facile !), je conseillerais que vous vous laissiez aider par des professionnels spécialisés en psychologie de l’enfant. Et puis bien sûr, il y a de nombreux livres sur le sujet de l’éducation. Le livre miracle n’existe pas mais dans certains ouvrages j’ai vraiment trouvé des outils, des idées, des solutions pour des problèmes du quotidien : colère et frustration de l’enfant, manque d’assurance, timidité, conflits, etc… En gros, il faut piocher un peu dans chaque livre, essayer et apprendre par la pratique ce qui marche et ce qui ne marche pas…
- Parler pour que les enfants écoutent, Elaine Mazlish et Adele Faber.
- La Discipline Positive, Jane Nelsen.
3 – Anticiper pour que nos enfants ne soient pas des victimes de ces comportements. Comment ? En donnant des outils à nos enfants pour qu’ils ne soient pas victimes de harcèlement :
Assurance, capacité à répondre (par la parole) pour se défendre, leur demander de recourir à un adulte en cas de besoin : parent, enseignant, médiateur. Par exemple, les enfants timides peuvent plus facilement être des cibles du harcèlement. Comme ma puce est très timide à l’école (pas à la maison !) j’ai surtout essayé de trouver des livres adaptés aux plus jeunes :
- Trop timide !, Christine Naumann-Villemin et Marianne Barcilon
- Max est timide, Dominique de Saint Mars Collection Max et Lili
4- Briser la loi du silence : si on est témoin de violence ou de harcèlement scolaire il faut le dire. Les solutions ne peuvent passer que par la communication. Ce conseil vaut pour nous les parents mais aussi pour les enfants. Pour les victimes qui n’osent pas parler à leurs parents (souvent le cas des collégiens) il y a un numéro de téléphone : le 3020 et des informations sur le site Non au Harcèlement de l’Education Nationale. Les témoins de harcèlement scolaire peuvent jouer un rôle en encourageant les victimes à parler à un adulte et je pense que c’est une bonne idée qu’ils en parlent eux aussi à leurs parents afin que ces derniers puissent réfléchir à la marche à suivre pour faire cesser le harcèlement (rencontre avec les autres parents, discussion avec un professeur…).
5- Changer d’école : oui c’est radical mais si la situation est grave, si l’enfant ne sort pas du cercle vicieux du harcèlement ; si l’équipe de l’établissement scolaire n’est pas à la hauteur ou si l’environnement du quartier est globalement négatif, il faut dire NON au harcèlement et donc même si c’est radical il faut sans doute changer d’école ou juste de classe pour commencer. Des personnes qui ont connu de telles situations ? Personnellement je continue de me poser beaucoup de questions concernant l’école publique, l’école privée les écoles nouvelles… Je continue pour l’instant de croire en l’enseignement public et souvent, quand les écoles publiques sont supers c’est lié à l’équipe qui gère et enseigne dans l’établissement… Merci à tous ces professionnels impliqués dans leur quotidien pour offrir aux enfants un environnement humain le plus harmonieux possible.
Illustration trouvée dans le journal Nice Matin
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J’ai impression (peut-être que je me trompe bien sûr…) que la situation s’est dégradée depuis mon enfance et même considérablement dégradée, non ? Je sais que l’on a tendance à idéaliser le passé et que peut-être enfant je n’ai pas vu certaines choses qui se passaient autour de moi dans la cour de récré mais clairement, dans mes souvenirs, toutes mes classes de primaire étaient très calmes. Il y avait bien un ou deux enfants qui faisaient le pitre de temps en temps, mais gentiment. Je me souviens qu’il y avait quand même des moqueries fort blessantes à l’égard d’une fille dans la classe (par rapport à son poids) et c’est déjà d’une grande méchanceté et injustice. Mais ce que je vois aujourd’hui quand j’observe l’environnement de mes enfants c’est beaucoup plus de violence gratuite, d’indiscipline, des enfants qui n’écoutent pas toujours l’enseignant… Oui, dans mes souvenirs il y avait parfois un début de bagarre dans la cour mais les maîtres/maîtresses intervenaient très rapidement Je trouve la situation bien pire aujourd’hui : des enfants frappent juste comme ça, sans même avoir de sujets de discorde. Sans doute parce qu’ils ne savent pas communiquer autrement. A nous tous de leur apprendre un autre langage…
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J’espère que cet article vous permettra de trouver des informations utiles et des pistes de réflexion ou d’action. Je vous encourage à me faire part de vos impressions sur le harcèlement et la violence en milieu scolaire car le sujet n’est pas simple et je pense que les témoignages des uns peuvent aider les autres.
Bonnes lectures à tous et encore une fois merci d’avance pour vos partages d’expériences en commentaire !
2 réponses à “Harcèlement et violence scolaire : parce que la jungle c’est parfois dans la cour de l’école !”
Bonjour
Je n’ai fait que des (3) écoles privés dans le lot et l’aveyron. Hélas, certaines d’entre elles, pour survivre, récupèrent des élèves à problèmes (attention des élèves riches mais à gros problème avec une indiscipline terrifiante).
Les écoles dans le lot a été le pire pour moi. Enfant tout se passait bien, j’étais timide mais bon ça … C’est pas bien grave. Les gros problèmes sont arrivés au collège. Une puberté tardive par rapport aux autres, plutôt très mince et athlétique (bien que petite), à l’heure où malheureusement beaucoup de filles commencent à parler de sexualité . Bref, j’étais le contraire de mes camarades de 13-14-15 ans. Donc, étant différente j’étais la cible parfaite : Moqueries continuelles et à longueur de journée (t’es moche, t’es moche, t’es moche, lapin, binoclarde, t’es maigre), on m’a aussi coupé des mèches de cheveux, mis du feutre sur mes vêtements.
J’ai serré les dents pendant 2 ans, puis je suis passé au lycée en Aveyron. Changement radicale, d’abord, j’ai opté pour un look un peu plus cool (stop verbaudet maman, et bonjour MIM). A la rentré, j’étais prête à faire ma solitaire pour éviter les embrouilles.
Finalement, rien ne s’est passé comme je l’imaginais. Les gens en aveyron ont une toute autre éducation que dans le lot ou le tarn et garonne. Les gens sont accueillant, gentils . Mais il faut aussi dire que l’école trie beaucoup ses élèves. T’avais plutôt intérêt d’avoir un bon dossier sur ton comportement pour y rentrer.
Bref, j’ai, grâce à cette école, repris confiance en moi, je me suis fait des amis et ma scolarité s’est beaucoup mieux porté car j’étais tiré vers le haut. A savoir j’ai eu mon brevet avec 10/20, mon bac STG compta avec 16/20 et mon BTS assistante de gestion avec 17/20.
Si on veut des vrais solutions, c’est plutôt :
– observer ses élèves (j’ai pleuré devant une prof en cours, j’étais absente 2 fois / semaine. Mes profs ne se sont pas posés de questions….. j’étais seule alors que je demandais de l’aide).
– prendre les mauvaises graines sur le fait (ce n’est pas bien difficile si on est attentif mais les profs sont concentrés sur eux même)
– observer les mauvaises graines et essayer de leur apprendre la tolérance
– Quand les mauvaises graines restent des mauvaises graines, ce doit être une exclusion définitive (quitte à les mettre en échec scolaire car il vaut mieux sacrifié une personne responsable de son sort, qu’une personne victime du sort de l’autre (car lorsqu’on est harcelé on se met en situation d’échec scolaire)
Car les blablas et la sensibilisation ça sert à rien. Un enfant est un monstre, un ado aussi, il ne pense qu’à lui si il est mal éduqué. et les mauvaises graines sont toujours mal éduqués !
Désolé j’en profite pour pousser un coup de gueule et si ça peut aider 🙂
A +
Merci beaucoup pour votre témoignage.