Voici le récit de notre semaine en voilier dans les îles Kornati et autres îles situées au large de Zadar, en Dalmatie, dans la moitié nord de la Croatie. Si vous demandez à Titcoeur et Titpuce quel a été leur meilleur souvenir de vacances, ils vous citeront sans hésiter notre croisière en voilier ! Parce qu’ils ont hérité de cette passion de « Papa Voyage », parce qu’ils font beaucoup de voile dans notre coin d’Angleterre, parce que nous avons eu des conditions de navigation incroyables ainsi qu’une météo de rêve (28 degrés dans l’air et dans l’eau) et aussi parce qu’un de mes amis du lycée et son fils (de l’âge de Titpuce) sont venus de Paris pour vivre cette aventure marine avec nous ! Bref, c’était parfait ! Du vent, du soleil et des amis !
Si passer une semaine en voilier en famille est un projet qui vous tente bien mais que vous n’osez pas franchir le pas, j’espère que cet article pourra vous éclairer et vous faire découvrir cette belle manière de voyager… au gré des vents et des flots… Voici donc, sous forme de questions-réponses des informations sur notre épopée !
Pourquoi avoir choisi la Croatie pour notre voyage en voilier ?
La Croatie, c’est la zone de confort de « Papa Voyage ». C’est le pays où il a le plus navigué dans le passé, avec ses amis et ses parents. Nos premières vacances ensemble c’était d’ailleurs une semaine en voilier en Croatie du côté de Krk. C’était alors la triple épreuve du feu pour moi : premières vacances avec « Papa Voyage », première fois que j’allais sur un voilier et premières vacances avec ma belle-famille ! Oui, « Papa Voyage » y est allé très fort, dans le genre : « ça passe ou ça casse ! »… Pas de suspens : j’ai survécu :-).
Ensuite, de manière générale, la côte adriatique est plus simple que d’autres zones de la Méditerranée (comme par exemple les Cyclades où le Meltem peut rendre les navigations très complexes). Toujours sur la côte adriatique, nous avons également testé il y a trois ans avec les enfants une semaine en voilier à Corfou (on recommande tout autant que la Croatie !).
Quel itinéraire en voilier à partir de Zadar ? A la découverte des Kornati et autres îles…
L’itinéraire ne peut pas vraiment s’anticiper. Nous savions que nous voulions voir les célèbres îles Kornati (archipel de 150 petites îles !) pour leurs paysages lunaires mais ne savions pas d’avance où nous irions car en voilier, il faut s’adapter ! L’itinéraire dépend notamment de la direction du vent et de la force du vent. Le premier matin, par rapport à la direction du vent, nous avons choisi un sens de navigation. Nous avons tourné dans le sens des aiguilles d’une montre, en commençant par mettre le cap au sud, puis en remontant via les Kornati et en rebouclant sur Zadar à la fin. Evidemment, le vent peut complètement tourner mais il fallait au moins choisir un sens. Puis, par rapport à la force du vent, nous choisissions les étapes. Nous avons eu beaucoup de chance : le Bora a soufflé toute la semaine autour de Beaufort 5 avec des pointes à Beaufort 6 en début de semaine. Avec Beaufort 6 moi, je ne suis plus trop à l’aise mais le reste de l’équipage a adoré ! Cela nous a permis de faire de belles traversées ! Voici ce qu’a donné notre itinéraire :
Jour 1 : check-in à la marina de Sukošan (à quelques kilomètres au sud de Zadar). Nuit à la marina.
Jour 2 : Navigation vers l’île de Murter au sud. Nuit à la marina de Murter.
Jour 3 : Navigation vers Žut. Nuit au mouillage sur une bouée (c’est plus simple et plus rassurant que jeter l’ancre)
Jour 4 : Navigation dans les Kornati (penser à acheter le ticket du parc national la veille ! (Nous avons été contrôlés). Nuit sur une bouée dans le parc national.
Jour 5 : Navigation dans les Kornati ; puis, on atteint un autre parc national, celui de Telašćica sur l’île de Dugi Otok. Là encore, il faut acheter les billets du parc national la veille. Nous mettons pieds à terre pour randonner vers le lac intérieur et vers les superbes points de vue sur les îles. Nuit sur une bouée du parc national.
Jour 6 : On longe les falaises, sur la face ouest de Dugi Otok, puis on boucle au nord de l’île et on rejoint le port du village de Zverinak. Chouette ambiance locale et bon enfant dans ce petit village croate. Nuit au port.
Jour 7 : navigation vers le sud pour rejoindre Zadar et la marina de Sukošan. Check-out en fin de journée.
A noter, que nous avons utilisé l’appli Navily qui aide à choisir un spot pour s’arrêter car, pour les criques répertoriées, on peut voir le type de fond, l’équipement en bouées (ou pas), la protection au vent, etc… En gros, dès qu’on a choisi une île pour faire une halte, on regarde Navily pour avoir plus d’infos… Evidemment, on juge aussi visuellement en arrivant…
Organisation d’une journée type en voilier :
Au réveil, on profite d’un premier plouf. Puis, au petit-déjeuner, on consulte la météo marine (capitainerie locale + l’appli Windy sur le téléphone). On décide d’un spot à atteindre pour le déjeuner. En route, on participe tous sur le bateau, à tour de rôle et selon les envies de chacun. Parfois, Titpuce aimait juste s’asseoir et lire pendant la navigation.
Ticoeur était souvent à la barre :
A midi, on fait une longue pause pour manger, nager, faire du snorkeling, pêcher (quand c’est autorisé), sortir le paddle board, etc…
Il y avait une forte probabilité de voir des dauphins mais on n’en a pas vu ! Par contre, nous avons fait une rencontre incroyable avec une grosse tortue marine qui a repris sa respiration à quelques mètres de notre voilier ! C’était magique ! Je ne vous promets pas de voir des tortues ! C’était une grande chance ! Mais vraiment, vous devriez croiser des dauphins.
Au niveau des bouées des parcs nationaux, il y a des pêcheurs ou marchands de fruits et légumes qui passent parfois. Notre stratégie c’était d’avoir assez de provisions pour être 100% autonomes sur le bateau mais d’acheter des produits frais quand l’occasion se présentait. Il y a souvent une petite épicerie de village au port. Côté resto, un seul soir (le sixième !), nous avons commandé un grand plateau de poissons et fruits de mer au restaurant sur le port. Nous l’avons dégusté sur notre voilier. Côté pêche ? Nous avons réussi à faire un repas un midi après une bonne pêche. Les autres jours, soit c’était en zone d’interdiction de pêcher (dans les parcs nationaux) soit nous n’y arrivions pas. Mais bon, les enfants ont quand même eu la fierté de pêcher un repas !
Comment ça se passe pour louer un voilier ? Faut-il un permis ?
Je commence par le cas le plus simple : vous pouvez louer un voilier avec un skipper. C’est évidemment plus cher (voir la rubrique budget) mais cela vous permet de passer des vacances en voilier même sans expérience. Le skipper pourra vous faire participer et vous apprendra quelques bases de navigation. Un moyen de passer des vacances tout en apprenant !
« Papa Voyage » est notre skipper. Ado, il a suivi une formation de voile à l’île d’Elbe. C’est la version allemande de l’école des Glénans. Il a un diplôme de voile qui est reconnu par les loueurs. Il a également le permis bateau qui est un permis obligatoire quand il y a un moteur à bord (et il y a toujours un moteur sur les grands voiliers de location). Si vous avez passé le permis de bateau, vous savez qu’il s’agit de cours théoriques et pratiques. La pratique n’est réalisée que sur un bateau à moteur. Donc si vous n’avez que le permis bateau et aucune expérience en voile, vous ne pouvez pas (et ne voulez pas) louer un voilier. S’occuper des voiles ne s’improvise pas. En France, je crois qu’il n’y a pas de permis officiel de voile. Dans ce cas, le loueur de voilier, vous demandera la liste de vos expériences en voilier (log book).
Aussi, vous avez peut-être fait du dériveur mais un gros bateau à quille, c’est différent. Enfin, le permis radio est également obligatoire. Il permet de savoir utiliser la radio de bord pour demander de l’aide par exemple. En résumé, être skipper ne s’improvise pas. Mais cela ne vous empêche pas de passer des vacances en famille en voilier si vous prenez ce service en supplément auprès votre loueur.
Notre semaine de voile en Croatie : quel bateau et quel budget ?
Cette fois-ci, nous avons loué un Dufour 382 (environ 11 mètres de long). Un beau bateau, on le recommande ! Il était très sympa à naviguer. Côté habitacle, il est parfait pour 6 personnes. Il y a 3 cabines et deux petites salles de bain. Nous avons donc partagé la location avec nos amis. Si vous n’êtes que 4 à bord, vous pouvez prendre plus petit et donc c’est moins cher. Budget pour une semaine sur le Dufour 382 : 2200€ (pour nous 6). Nous avons toujours loué des voiliers de cette taille, dans ces prix-là, que ce soit en Croatie ou en Grèce. En France et en Italie on a payé un peu plus cher, mais pas beaucoup plus. Pour faire baisser le budget considérablement, vous pouvez louer hors saison ou aux vacances scolaires de la Toussaint par exemple. Attention : si vous préférez un catamaran plutôt qu’un voilier à quille, alors c’est environ le double du prix ! Un catamaran c’est très confortable côté habitable mais « Papa Voyage » et les enfants préfèrent qu’un bateau gîte (sinon c’est pas drôle !). Aussi, les catamarans ont du mal à remonter au vent donc ils ne sortent pas toujours les voiles. Ils utilisent plus souvent le moteur ce qui perd de son charme (et coûte très cher en essence !). Avancer en silence grâce aux voiles c’est ça la magie… !
Si vous devez rajouter un budget skipper, c’est un supplément de 100 à 150€ par jour. Enfin, selon vos choix pour la nuit, il faut rajouter un budget emplacement. Au mouillage c’est gratuit, sur une bouée c’est gratuit ou quelques euros. Dans un petit port, on a payé environ 30€ la nuit mais dans une grande marina (comme à Murter par exemple) c’est 70€. On essaie toujours d’éviter les marinas pour ne pas avoir de voisins et on préfère les cadres plus sauvages et plus intimes mais parfois, il n’y a pas le choix, notamment, le soir où nous sommes allés à Murter c’était par sécurité car le vent était trop fort cette nuit-là. A noter que dans la marina de départ et d’arrivée vous ne payez pas l’emplacement car c’est inclus dans le prix de la location.
Quelque soit le bateau, je vous conseille de vérifier qu’il est équipé d’un propulseur d’étrave : cela facilite énormément les manœuvres au port.
Les deux petits détails qui nous ont moins plu sur le Dufour 382 (mais vraiment ce sont des détails) : primo, le foc était auto-vireur. Cela veut dire moins de travail. Or, les enfants aiment bien s’occuper du foc. Secundo, la plateforme et l’échelle pour descendre se baigner sont vraiment petites et étroites. C’est pas bien grave mais sur les Bavarias ou les Oceanis on avait toujours eu de belles grandes plateformes et des échelles plus confortables.
Pour trouver un bateau, j’utilise des plateformes qui sont comme un « Airbnb » pour bateaux : Click & Boat, Sam Boat ou Dream Yacht Charter. Je regarde aussi sur Google Maps en tapant « loueur voilier ». Dans tous les cas, je vérifie les notes et je lis tous les avis. Puis, j’échange avec le loueur par mail et souvent également par téléphone pour vérifier que j’ai un bon feeling. Enfin, je pose des questions, comme : « est-ce que les voiles ont été changées récemment ? » (depuis notre mésaventure en voilier à Corfou !).
Voici le lien vers le loueur que nous avons choisi : Asta-Yachting. Ils étaient sérieux, professionnels et les bateaux sont bien entretenus. Ils peuvent vous proposer des skippers.
J’espère que je vous ai donné envie de tenter des vacances en voilier ! N’hésitez pas si vous avez des questions !
Pour la suite de nos aventures croates, cela se passe sur terre ! Lire nos 5 étapes de Zadar à Split et le récit de notre semaine en Istrie.