Si vous nous avez suivis, vous savez que nous avons déménagé (3 kilomètres plus loin, toujours dans notre coin paumé du sud de l’Angleterre) suite à un gros coup de cœur pour une maison et son jardin anglais. Nous ne savions évidemment pas que ce jardin qui nous a tant séduits allait devenir la destination de nos vacances de Pâques et sans doute de ces longs prochains mois ! Je suis en tout point une citadine qui n’y connaît rien aux plantes mais après seulement une semaine dans mon jardin, je suis tombée d’amour pour ce refuge qui offre une parenthèse incroyable à la folie des événements. Un privilège merveilleux dont j’ai absolument conscience puisque si les hasards de notre expatriation ne nous avaient pas conduits dans la campagne anglaise, nous serions nous-mêmes enfermés dans un appart à Paris, comme ma famille et mes amis.
C’est donc avec beaucoup d’humilité et de pudeur que je souhaite partager avec vous des images de ce jardin, pour m’évader et peut-être « vous évader » le temps de cet article… Je voulais aussi en profiter pour vous parler du livre.
En effet, The Secret Garden est un grand classique de la littérature anglo-américaine, écrit en 1911 par Frances Hodgson Burnett. La troublante synchronicité concernant ce roman c’est qu’il s’agit du dernier livre que j’ai lu ; je l’ai terminé au moment où le confinement était annoncé en Italie. Alors depuis que nous avons aménagé dans notre nouvelle maison, je suis hantée par ce livre ! Troublée de revivre moi-même la découverte de notre « secret garden », avec les mêmes émotions que Mary Lennox, l’enfant et héroïne du livre.
Cognassier du Japon / Japanese quince
Si vous êtes venus quelques fois en vacances en Angleterre et que vous avez visité quelques demeures historiques, vous savez sans doute qu’il est habituel qu’il y ait un jardin à l’intérieur du jardin. Il s’agit d’un walled garden, un jardin muré, entouré de briques rouges. Et justement, notre jardin aussi est entouré d’un muret en briques rouges. Il est caché, il est secret, il est une bulle de nature, un petit paradis dont la magie a opéré sur moi comme dans le livre…
Avec les événements actuels qui ont tant envahi nos vies quotidiennes, nous avons eu du mal à nous projeter et à penser à notre déménagement ! Pourtant voilà : depuis vendredi, nous avons aménagé dans une nouvelle maison à quelques kilomètres de la précédente (plus près de l’école ! Cette blague !…) et en ces temps de sale virus, il se pourrait même que ce déménagement soit notre seul « voyage » avant longtemps !
Pour ceux qui auraient manqué le dernier épisode, le travail de Papa Voyage a confirmé que nous resterons trois ans en Angleterre (il avait un contrat pour 2 ou 3 ans … donc ce sera 3). Nous sommes donc à la moitié. Etait-il raisonnable de déménager ? Pas vraiment. C’est plutôt l’histoire d’un coup de foudre pour une maison et son jardin…
Si vous vous souvenez des préparatifs de notre expatriation, Papa Voyage et moi-même n’avions eu qu’une semaine dans le coin pour trouver un hébergement et choisir une école. Une semaine qui s’était avérée très frustrante car il n’y a pas beaucoup d’offres de locations ici. Au final, nous avions visité six maisons qui ne nous avaient pas plu du tout ! Et quelques heures avant de prendre l’avion, nous avons visité une dernière maison qui était assez bien mais sans coup de cœur. Disons qu’elle avait l’avantage d’être confortable, sans la tonne de moquette anglaise et bien située. Il y a d’ailleurs une pièce que j’aimais beaucoup : la véranda où je prenais la plupart de nos photos.
Les mois sont passés et nous sommes restés abonnés aux e-mails d’alertes immobilières, par flemme de se désabonner. Et puis un jour, nous sommes tombés sur LA maison (THE!), celle qui nous a conquis au premier regard. A partir de là, nous avons débattu des semaines pour savoir si nous avions le courage de repasser par la case « déménagement » après seulement un an et demi et pour si « peu » de temps. Heureusement, comme souvent chez nous, la passion a été plus forte que la raison !
Etant donné ce que l’avenir nous préparait c’était un excellent timing ! Le simple fait d’avoir tant de cartons à déballer, tout à ranger et tant à découvrir dans le jardin, nous change les idées, ce qui est salvateur pour ne pas psychoter et tourner en rond ! Sans l’ombre d’un doute, nous avons une chance inouïe d’avoir à présent un magnifique jardin anglais et une maison(/bureau/école/etc) baignée de lumière, avec le charme de l’ancien. Nous allons avoir drôlement le temps d’en profiter ! Dans le contexte actuel, c’est un privilège dont je pèse toute l’importance et croyez-moi : vous n’allez plus m’entendre râler de ne plus vivre à Paris ! Dire que l’an dernier en arrivant dans notre coin trop tranquille d’Angleterre, j’aurais échangé tout jardin contre une vie culturelle trépidante mais là… ! Bref, les hasards de la vie et nos choix un peu fous nous ont conduits là où nous sommes aujourd’hui et c’est ce qu’il pouvait nous arriver de mieux.
L’école anglaise… version virtuelle !
Vous savez qu’en Angleterre on vit la même chose que vous mais avec une à deux semaines de retard. En suivant de près tout ce qu’il se passe en France et en Italie j’ai l’impression de lire dans le futur et c’est assez flippant ! Bref, ici les écoles ont fermé vendredi, une semaine après la France.
La dernière semaine d’école a d’ailleurs été très particulière et émouvante :
Les enfants ont eu forest school : au lieu d’être enfermés dans une salle, ils ont eu école dans la forêt, au grand air avec un maximum d’espace entre eux.
Ma puce m’a raconté que les enfants devaient se laver les mains 8 fois par jour, sous la surveillance des instit’ (d’où l’état de ses menottes comme vous l’avez peut-être vu dans une story instagram…
Les classes des grands qui préparaient une grosse production théâtrale, The Pauper Princess depuis septembre, avec trois répétitions par semaine ont du faire le deuil de la représentation devant tous les parents (cela aurait dû avoir lieu samedi soir). La prof de théâtre a eu l’idée de les faire jouer dans des conditions réelles, devant les profs et les autres élèves. Aussi, elle a fait venir un cameraman professionnel pour tout filmer. Ainsi, les parents auront au moins le DVD ! Tous les profs m’ont écrit individuellement pour me dire que Ticoeur était un comédien incroyable ! La prof de théâtre a su gérer les déceptions, s’adapter et consoler les enfants. Elle a même été interviewée par la BBC pour sa gestion de la situation. Ticoeur a eu plusieurs fois les larmes aux yeux mais il comprend la gravité de la situation.
Le dernier jour d’école, il y a eu une chasse aux œufs géante dans le parc de l’école pour anticiper sur celle qui n’aura pas lieu en avril, histoire de finir sur une activité joyeuse.
Quand je suis allée chercher les enfants vendredi soir j’ai été très émue de voir que les plus âgés, ceux qui seront au collège l’an prochain étaient en pleurs, réalisant qu’ils ne verraient sans doute plus leur instit’ cette année et que la vie innocente de l’école primaire se terminait là, maintenant, brutalement.
On peut critiquer les Anglais et le gouvernement mais ici on a bien en tête que la situation ne va pas durer deux semaines, ni même deux mois. Tout le monde autour de nous, y compris le staff de l’école pense que l’année scolaire se terminera en mode virtuelle.
L’école à la maison :
L’équipe enseignante se préparait déjà depuis trois semaines à cette éventualité : ils ont eu le temps de mettre en place beaucoup de choses utiles et coordonnées. Voici en résumé comment cela fonctionne :
Toutes les classes de Year 1 à Year 5 ont le même emploi du temps, cela pour faciliter le suivi aux parents qui ont plusieurs enfants et aussi pour que les frères et sœurs travaillent de manière parallèle. Testé aujourd’hui, c’est pas mal d’avoir les enfants sur les mêmes matières au même moment et au même rythme.
La journée commence à 8h30, comme d’habitude. Jusqu’à 9h il est demandé aux élèves de lire les news en ligne, sur les pages de la BBC prévues pour les enfants. Cela peut également être intéressant pour vos enfants qui apprennent l’anglais donc voici le lien : bbc.co.uk/newsround
L’outil utilisé est Google Class room. Dans la classe de Ticoeur, ils l’utilisaient déjà pour les devoirs donc l’avantage c’est qu’il maîtrise son utilisation. Cela permet de recevoir des exercices, de les rendre à son enseignant, d’écrire des messages en chat à son instit’ et aussi d’organiser des vidéos. Tout le personnel enseignant est donc sur le pont, en contact avec les enfants en live, que ce soit par écrit ou en vidéo. Titpuce ne savait pas utiliser cet outil mais son grand frère a pu l’aider, ce qui a été un gros soulagement pour Papa Voyage et moi-même qui étions en télétravail. Nous avons juste craqué au moment des cours de musique ! Titpuce faisait de la flûte à bec pendant un call avec ma chef ! A part ça, il y a eu des petits soucis techniques mais globalement c’était fluide et nos enfants étaient à fond. A voir dans la durée car là est le problème ! En plus de tout ça, Ticoeur continue les cours particuliers de piano, en vidéo, avec son prof habituel via Zoom. Titpuce continue le chant et les cours collectifs de claquettes (aussi via Zoom) ! On va tester tout ça cette semaine !
Beaucoup nous disent que nous devrions être rodés car nous avions fait « l’école en voyage » pendant notre Tour du Monde sauf que là c’est très différent ! En voyage, on voyageait ;-)… Nous n’avions fait école, au sens strict du terme qu’environ 1h par jour. Le reste du temps, nous profitions juste de nos découvertes pour apprendre en observant. Or, là, les enfants ont un agenda aussi chargé qu’à l’école ! Je me demande même si cela va fonctionner dans la durée… A suivre donc !
Homeworking mum… and dad!
Comme beaucoup de monde, nous sommes en télétravail. Difficile d’être motivée, surtout que mon travail en finance consiste a suivre le chiffre d’affaires et les dépenses marketing d’un grand groupe de produits non nécessaires donc autant vous dire que je compte les zéros ! Et à défaut de compter l’argent qui ne rentre plus, je dois trouver des économies…. Heureusement, mon entreprise s’est engagée à conserver tous les emplois et maintenir tous les salaires alors que la plupart des employés, ceux qui travaillent en boutiques sont évidemment au chômage technique. Pour Papa Voyage, la situation est meilleure car son projet continue comme avant.
Mes collègues organisent des pots virtuels après le boulot. C’est sans doute une bonne idée mais je ne me sentais pas de les rejoindre pour l’instant.
La vie dans notre coin d’Angleterre :
Je le disais plus haut, étant donné le contexte, nous sommes mieux ici qu’en ville :
Il y a plein d’oiseaux et ils chantent beaucoup en ce moment, nous rappelant que c’est le printemps !
Le ciel est intensément étoilé.
Je peux aller voir la mer en quelques minutes de marche, sans croiser personne…
Globalement, le « social distancing » est facile ici pour des raisons culturelles et géographiques.
Nous pouvons trouver quelques produits locaux vendus sur de petits étals devant les maisons (honesty box pour payer) : aujourd’hui, j’ai acheté de la rhubarbe quelques maisons plus bas… ça va pas bien loin mais çafait du bien. Le boucher du village essaie de faire assez de sausages pour tout le monde mais il a du mal à suivre ! Nous pouvons acheter du poisson frais. Par contre, la ferme s’est fait voler ses œufs ! Le début de la fin ! C’était l’événement de la semaine sur le Facebook du village. Au supermarché, toujours pas de pâtes, farine, riz… etc mais assez d’autres choses et pas de files d’attente.
Il y a beaucoup de solidarité au village, notamment pour déposer des courses aux personnes âgées. J’ai également été très touchée par l’histoire du prof de tennis de Ticoeur : il est auto-entrepreneur ; il n’y a pas encore d’aide prévue de la part du gouvernement pour ce statut. Sa femme attend un bébé pour cet été. Face leur situation, leur propriétaire et voisine leur a baissé le loyer de moitié.
Vous le savez sans doute : au UK, le confinement est conseillé mais pas obligatoire. Le mot « conseil » a clairement un sens plus fort en anglais qu’en français mais cela n’empêche pas qu’il y a des abus (surtout ce week-end dans des lieux phares du pays). Bref, l’être humain est le même partout donc les restrictions plus strictes viendront sans doute, peut-être même ce soir ! Ici, dans mon coin, il est difficile de se rendre compte car on croise rarement quelqu’un dans la rue… Je sais juste que les mamans de l’école étaient très tristes hier sur Whatsapp car c’était la Fêtes des Mères en Angleterre et que clairement elles respectent toutes le « conseil » de ne pas rendre visite aux grands-parents.
Patience et courage à tous ! Je retourne à mes cartons pour oublier un peu mais je pense très fort à tous, surtout à ceux en première ligne et bien sûr à ma famille qui galère à Paris, à Londres, et dans le nord de l’Italie.
Quand j’ai commencé cette rubrique sur notre vie en Angleterre, je pensais vous parler des différences à l’école, au boulot, dans l’assiette et autres sujets de la vie quotidienne. Je ne savais évidemment pas ce que nos quotidiens allaient nous réserver ! Me voilà à présent en train de vous raconter comment se passe la crise du coronavirus de l’autre côté de la Manche ! Crazy ! Isn’t it? Quand la semaine dernière je vous disais me sentir isolée car la seule compagnie aérienne qui assurait la liaison Southampton-Paris a fait faillite, je ne me doutais pas encore de tout ce qui allait suivre…
Heureusement, que je les ai eux, mes amours !
Comme toujours, l’Angleterre ne fait pas comme les autres !
Lundi dernier, au boulot, nous avons reçu un e-mail qui nous demandait de nous tenir à 6 pieds (6 feet) de nos collègues. 6 feet, pour ceux qui auraient un doute, c’est deux mètres. En France ou en Allemagne, la recommandation de distance sociale est d’1m50. Décidément, ces Anglais sont vraiment plus distants ;-). Ou alors, c’est juste de l’humour noir par rapport à la série 6 feet under !!! Jusque là, j’ai souri. Puis, nous avons eu notre grosse réunion d’équipe et là j’ai été bluffée par la discipline de mes collègues ! Chaque personne qui est entrée dans la salle de réunion s’est assise en laissant une chaise vide entre elle et son voisin ! Impressionnant non ? Oui, on a de la place dans nos locaux ;-)…
Je trouvais donc que c’était bien parti mais en fait non !
A part annuler les rencontres sportives et donner des conseils, le UK ne prend pas assez de mesures et ça c’est un gros gâchis ! Nous avons une chance précieuse : nous avons beaucoup moins de cas que nos voisins européens. Ne serait-ce pas l’occasion d’anticiper et de mettre en place plus rapidement des mesures plus drastiques ? Par exemple, au boulot, bravo pour les 6 feet mais pourquoi ne pas arrêter les déplacements à Londres de mon équipe ? N’est-ce pas de la folie d’aller deux ou trois jours au bureau de Londres, dans la ville la plus touchée du pays alors que nous avons la chance de bosser dans un bled où il n’y a aucun cas ? Alors, voilà : j’ai décidé que je n’allais plus à Londres mais je suis la seule. Et quand j’entends mes collègues râler à propos de l’annulation des matchs de foot et de rugby ça me me saoule ! Mes pensées sont avec ma famille, mes amis à Paris ; avec ma belle-famille en Allemagne et avec ma famille paternelle en Italie ! Tous dans de bonnes galères !
Je suis triste que l’Angleterre soit en train de griller sa chance. A moins que, comme certains pessimistes le disent, cela ne change plus rien, nous sommes tous fichus ! All fucked up! Donc les Anglais seraient fatalistes ? Depuis quand ? Dans la presse, on nous explique que le gouvernement UK ne prend pas davantage de mesures sévères car il a été prouvé par des scientifiques qu’on ne pouvait pas obliger les gens à rester plus de 12 semaines confinés chez eux. C’est pas bon pour le moral. Oui, ok mais si on vous dit : « vous préférez rester plus de 12 semaines chez vous ou risquer de mourir ? » ! Et puis, il est mignon Boris à se soucier du moral du gens, c’est quand même lui qui a fini son discours du début de semaine en nous disant qu’il fallait s’attendre à perdre certains de « love ones« . Bravo ! Tu nous as bien mis la pêche gars !
Fortement critiqué, le UK vient de conseiller aux plus de 70 ans de rester chez eux. C’est juste un conseil. Comme pour tout le reste. Toutes les comm’ que je vois passer que ce soit au boulot ou dans les journaux donnent des conseils et laissent les gens choisir. Je pensais pourtant qu’avec l’histoire du Brexit, ils auraient compris que parfois vaut mieux éviter de laisser le choix aux gens ;-)… Fallait bien que je la case ma rancœur du Brexit !
Donc comme nous sommes dans le pays des grandes libertés, moi j’ai choisi de ne plus aller à Londres. Papa Voyage a décidé de se mettre complètement au télétravail. Et l’école ?
Et oui : il y a école en Angleterre !
Encore une grosse différence avec les autres pays d’Europe : le UK estime qu’il ne sert à rien de fermer les écoles pour l’instant. Je ne sais pas quoi en penser. Mais à très court terme, Ticoeur ne souhaite qu’une chose : pouvoir monter sur les planches vendredi soir car cela fait des mois qu’il travaille son rôle, qu’il fait partie de la grosse production annuelle de l’école, qu’il joue un des personnages principaux et qu’il est passionné par le théâtre. Des heures de travail et de répétition ! J’ai quand même essayé de le préparer au fait que cela pourrait être annulé…
Aussi, si vous vous souvenez, à l’école, les enfants font beaucoup de natation. Ils ont deux séances par semaine. Et la semaine dernière c’était même trois car il y avait « interhouse » (c’est quand les trois maisons de l’école s’affrontent dans une compétition). Je me suis demandée si se baigner dans une piscine ne rajoutait pas du risque de choper ce sale virus. Et bien apparemment le chlore suffit à désinfecter l’eau…
Comme tous les parents, je suis allée encourager les enfants et j’ai été fière des gros progrès de Titpuce et Ticoeur qui ont défendu les couleurs de leurs maisons avec beaucoup d’énergie ! Dire que l’an dernier ma puce ne savait pas nager ! A présent, les deux se débrouillent super bien en crawl et ont assuré dans les relais de leurs équipes !
En Angleterre pour un moment !
Quand je pense aux fois où je vous disais que je déprimais ici en me baladant au bord de mer ou dans la nature car je n’y croisais personne ! Et bien là forcément je vois les choses autrement. C’est une chance ! Nous pouvons faire de longues balades dans des endroits déserts ou quasi déserts…
Et dans notre coin d’Angleterre on va y rester un bout de temps ! Primo parce que tout voyage va être compromis pour un bon moment mais aussi parce que oui, cela a été confirmé : nous resterons trois ans expatriés en Angleterre ! Nous sommes donc à la moitié. Les enfants sont ravis et donc nous aussi. D’ailleurs, un mini voyage nous attend à la fin de cette semaine car nous déménageons ! Trois kilomètres plus loin… (très modestes nos futurs voyages vous voyez !). Nous avons trouvé une maison qui nous plaît davantage alors même si c’est un peu la folie de déménager encore, on a décidé d’être fous ! Après tout, un an et demi c’est long… Et je crois qu’on va bien en profiter de notre maison ces prochains mois !
Comme pour tout le monde, nos prochains voyages sont annulés.
Bye bye Kenya ! Je sais que les girafes vont être très déçues donc je leur ai préparé un petit courrier…
Chères girafes,
Je suis certaine que vous êtes vraiment tristes que nous ne venions pas vous voir mais voyez-vous, notre espèce a quelques problèmes plus graves à régler. Alors il faut relativiser. Prendre de la hauteur comme on dit. Mais ça, vous savez faire ! Nous, on se croit toujours les plus forts du monde mais un mini virus réussit à nous abattre. Oui oui un mini virus, même pas un lion ! Je sais, j’ai honte ! Même si vous êtes déçues qu’on ne vienne pas, parce que oui c’est vrai, on est une famille super sympa avec deux petits nains adorables, je pense que vous saurez profiter de votre temps au calme dans la savane, sans humains pour venir vous déranger. Il y aura moins d’appareils photos pointés vers vous pendant quelques temps mais vous savez, la célébrité, les caméras, c’est futile tout ça… Restez naturelles et concentrées sur l’essentiel. Nous allons faire de même de notre côté. Je vous embrasse bien fort et promis : on viendra un jour !
Courage à tous ! De tout cœur. Et heureusement que ces deux-là savent me redonner le sourire !
Déjà, posons le cadre : février a été le mois février le plus pluvieux jamais enregistré en Angleterre et ça c’est du lourd ! Inondations et tempêtes étaient notre quotidien. Et puis cette histoire de coronavirus est arrivée on top et je me suis dit que j’allais vous raconter comme cela se passe pour nous cette histoire en Angleterre…
Au début, le flegme anglais était plus fort que le virus
Au bureau, il a eu cette anecdote qui a circulé : un vendeur dans un grand magasin londonien est parti en courant en voyant arriver un touriste chinois sur son stand de parfums. Début février, cela les faisaient rire.
Tous les matins, je lis la presse française et la presse anglaise. J’aime bien comparer. Quand le gouvernement français a sérieusement commencé à s’inquiéter, le gouvernement anglais me semblait afficher un optimisme arrogant : chez nous, on gère, tout se passera bien. Le décalage de perception a duré trois jours puis ici aussi la panique est arrivée.
Dans l’album Astérix la Transitalique !
Comme vous le savez, je vais régulièrement à Londres pour mon boulot et alors j’ai vu : les restaurants asiatiques complètement vides, des personnes qui portent des masques dans le métro et dans la rue. L’ambiance est déprimante et cela se ressent davantage dans la Capitale si vibrante à son habitude que dans mon village où le vent marin souffle si fort que le coronavirus n’a aucune chance de s’y poser ;-).
Heureusement, l’humour anglais est toujours présent sur les ardoises des pubs :
Ouf, nous avions choisi Naples pour les vacances !
Nous avions hésité entre Naples, Florence et Milan ! Heureusement que nous avions envie de soleil et de pizzas ! A l’aéroport en Italie, on nous a pris la température. Au retour en Angleterre, nous avons échappé à la quarantaine puisque nous n’étions pas dans les zones concernées. Il y a quand même quelques Anglais qui nous regardent de travers parce que le mot « Italie » suffit à les stresser.
L’article sur Naples, je l’écrirai mais j’ai l’impression que ce n’est pas pressé ! Tout le monde semble annuler ses prochaines vacances ! Je reçois beaucoup de messages de lectrices qui me demandent si à leur place j’annulerais leur voyage vers telle ou telle destination. Difficile question car chaque cas est différent. Après, il ne faut pas céder à la panique et ne pas tomber dans l’irrationnel : une personne qui me dit annuler son voyage en Angleterre à Pâques et me demande quelle autre destination choisir, c’est déroutant ! Car demain ce sera peut-être l’autre destination qui sera problématique.
Nous concernant, nous n’annulerons pas notre prochain voyage, prévu au Kenya début avril. Notre philosophie est d’espérer jusqu’au bout : espérer que le Kenya ne soit pas sur la black list et que l’Angleterre non plus car sinon, c’est le Kenya qui nous refusera l’entrée ! Notre choix est de ne pas anticiper ce qui ne peut pas être anticiper. Nous nous adapterons. Évidemment, partir c’est une chose, la crainte de la plupart des personnes qui me contactent c’est de devoir rester en quarantaine au retour. Là encore, nous pensons que si cela nous tombe dessus et bien nous respecterons les règles et nous ferons avec mais nous ne voulons pas changer nos plans pour quelque chose d’incertain.
A l’école anglaise, ça parle virus aussi :
Pendant l’Assembly du mercredi, au retour des congés de février, les enseignants ont interrogé les enfants pour savoir où ils étaient partis en vacances. Au cas où les parents n’auraient pas bien compris les consignes :-). Mais bon, autant être doublement vigilant.
Puis, nous avons eu la réunion parents-profs pour la classe de Ticoeur (que d’éloges avons-nous entendues ! Nous sommes si fiers !).
Bref, le prof de computing se confondait en sorry, sorry, so sorry pour expliquer qu’il n’allait pas nous serrer la main. Ces Anglais si polis qui ont besoin de s’excuser de tout ! Il m’a fait sourire. Le lendemain, dans la presse, il était en effet conseillé de ne plus serrer les mains ; au cours de tennis de Ticoeur, le coach a également expliqué qu’on ne serrait plus la main de son adversaire après le match. Au boulot, nous avons eu la même consigne de ne plus serrer de mains. Ils ont même rajouté que tout autre salut physique devait être banni. Fini les hugs quoi ! Et ils aiment tant les hugs les Anglais !
Sur une note plus légère, Ticoeur a eu sa première boom ! (Ils n’étaient pas 5000 donc l’événement a été maintenu ;-)). Le gros slow de la soirée c’était la musique du dernier James Bond ! La sortie du film a été reportée à novembre à cause du virus mais pas la musique ;-). Moi ce que j’aime le plus c’est le titre bien sûr : No time to die!
Et enfin, il y a eu World Book Day : dans toutes les écoles du UK, un thème est choisi pour parler livres et les enfants se déguisent en suivant le thème. Pour Ticoeur et Titpuce c’était les années 20 à l’honneur. Ces fameuses années folles et insouciantes du siècle dernier ! Nos nouvelles années 20 commencent follement mais dans une autre folie ! Pourvu que la roue tourne !
Après la guerre du Brexit, la guerre du papier toilette !
Nous sortions enfin de la période de tension liée au Brexit pour replonger dans de nouvelles tensions liées au virus. Sur le groupe Facebook de mon village c’est la guerre ! Non plus entre Brexiters et Remainers mais entre personnes qui stockent du papier toilette et celles qui n’en trouvent plus !
Le pire c’est qu’au début, la presse anglaise s’est bien moquée des Australiens qui achetaient du papier toilette par centaines de rouleaux ! Et quelques jours plus tard, aveuglés par l’anxiété, voilà que de nombreux Anglais ont fait de même ! Hier, Papa Voyage est allé faire les courses (je n’attends pas la journée de la femme pour le faire travailler ;-)) et il a en effet constaté qu’il n’y a plus de papier toilette dans les rayons ! C’est fou cet effet irrationnel qui crée des problèmes là où il n’y en a pas ! Résultat : il nous reste 8 rouleaux à la maison. On en reparle dans quelques semaines ;-). Bref, la moitié des p’tits vieux du villages s’énerve sur les autres p’tits vieux du village qui ont stocké le PQ ! Quelle futile zizanie ! Le peuple anglais est décidément très divisé !
Nos sorties pour oublier le virus… ou pas !
Dans cette ambiance virale, je n’ai rien trouvé de mieux que d’aller voir Parasite au cinéma ! Un film très intéressant, aussi bien sur le plan esthétique que pour le déprimant tableau de la société inégalitaire. Cela m’a fait penser au Joker ou aux Misérables. Le thème est dans l’air : la fracture sociale, cet autre virus qui se répand bien dangereusement ! Ce film ne m’a donc pas remonté le moral…
Mais ouf ! Il y a eu le Cirque du Soleil ! Le plus grand rayon de soleil de ces derniers jours ! Alors que les salles de cinéma et de théâtre se vident, le Royal Albert Hall à Londres était plein à craquer (hypothèse : les billets sont si chers que les gens sont venus malgré la peur du virus !). C’était dimanche dernier : une représentation unique du spectacle Luiza du Cirque du soleil sur le thème du Mexique. C’était lumineux, acrobatique, aquatique, musical et si joyeux ! Cela nous a fait un bien fou !
Nous avons également profité de cette escapade à Londres pour manger dans un bon resto indien où habituellement il faut réserver ou attendre une heure mais là, personne ! Ambiance virus ! Dommage pour la salle vide mais on s’est régalé !
Coupés de Paris ou presque !
Cette impression d’être coupée du monde, impression qui m’habitait l’an dernier au début de notre expatriation est revenue à grands pas ! Pourquoi ? Car début de semaine, Flybe a fait faillite ! Le coronavirus a été fatal : plus assez de voyageurs ! Flybe c’est la compagnie aérienne qui nous permettait de garder un lien fort avec nos proches car elle assurait les seules liaisons vers Paris depuis l’aéroport de Southampton. Mon père avait ainsi pu venir nous faire la surprise de sa visite à la dernière minute pour l’anniversaire de Titpuce mi-février. C’est fini les petits voyages improvisés à Paris ! Des amis avaient pris leurs billets pour le pont du 1er mai donc ça tombe à l’eau aussi :-(. A plus grande échelle, les conséquences sanitaires, sociales et économiques du coronavirus sont nombreuses donc je ne vais pas m’attarder sur mes petits problèmes. Après tout, pour rentrer, il nous reste le petit ferry rose de notre village !
Santé !
Enfin, n’oublions pas qu’il n’y a pas que le coronavirus qui tue. Mais une chose est certaine et ne changera pas : le plus important c’est la santé ! Nous sommes vivants ! Alors vivons ! Cheers !
Et vous ? Le coronavirus a changé votre quotidien ou vos plans de voyage ?
En débarquant en Angleterre l’an dernier, une des choses que je craignais le plus c’était la conduite à gauche. Pour vous donner un peu le contexte : je ne suis pas douée en conduite, j’ai eu mon permis au bout de la cinquième fois, j’ai peu conduit dans ma vie car à Paris nous n’avions pas de voiture et surtout : je n’aime pas ça ! Mais comme nous vivons dans la campagne anglaise, il a bien fallu que je m’y colle et finalement ce n’est pas sorcier !
Je sais que certains d’entre vous hésitent à visiter l’Angleterre en dehors de Londres par crainte de la conduite à gauche, alors j’espère partager ici quelques conseils qui vous encourageront à franchir le pas !
Conduire à gauche : nos conseils
La porte du chauffeur : pour commencer, montez dans la voiture en utilisant la bonne porte ;-)… Et oui, le volant est à droite et vous avez beau le savoir, vous allez souvent ouvrir la portière gauche ! Au moins, ce n’est absolument pas dangereux et cela pourra faire sourire les locaux !
Suivez le flux : la raison principale pour laquelle il n’est pas sorcier de se mettre à la conduite à gauche c’est que tout le monde conduit à gauche et que tout est conçu pour la conduite à gauche : vous ne risquez pas de prendre l’autoroute à l’envers ; vous ne risquez pas de chercher une sortie d’autoroute sur la droite puisqu’il n’y en a pas (elles sont sur la gauche bien sûr), et sur les routes normales, vous suivrez les autres donc il n’y aura pas de doute…Sauf… si vous êtes seuls sur la route ! Cela pourrait arriver la nuit ou dans un coin reculé. L’important est donc de bien resté concentré quand vous êtes la seule voiture. Dans ce cas, je me dis : «conduis à gauche, conduis à gauche » dans ma tête ;-). Si vous êtes deux, c’est l’idéal car votre conjoint/copilote veillera également à ce que vous soyez du bon côté. Maintenant, d’expérience, je vais vous dire quand vous allez conduire du mauvais côté : quand vous rentrerez en France ! Je ne blague pas ! C’est ce que raconte pas mal de monde et c’est exactement ce qui est arrivé à mon chéri à deux reprises ! Heureusement, je m’en suis rendue compte rapidement et aussi, on comprend vite quand au loin on aperçoit une voiture qui arrive en face ! En conclusion, j’en ai écrit tout un pavé mais vous verrez : conduire à gauche est naturel dans un pays où tout le monde conduit à gauche.
Attention aux trottoirs ! Vous pensez donc que le plus difficile est passé car vous voyez bien vite que penser à conduire à gauche est simple mais ensuite vient un autre soucis : votre placement sur la chaussée. Car si vous louez une voiture anglaise, le volant étant à droite, vous aurez tendance à vous placer trop à gauche sur votre voie et donc à frôler les trottoirs. Un soucis classique qui arrive aux Européens, c’est d’abîmer les pneus de la voiture. Un tuyau : j’ai cessé d’être trop près du bord quand je me suis concentrée sur ma position par rapport à la ligne qui sépare les deux voies. J’ignore donc les repères par rapport au côté gauche/au trottoir et je suis la ligne sur ma droite, ce qui est simple à suivre puisque le volant est à droite. Il est plus simple de ne pas se prendre les trottoirs avec une voiture française mais le placement sur la chaussée sera tout de même à surveiller…
Les ronds-points : l’épreuve des ronds-points était de loin la plus difficile pour moi. Tout le monde pense alors : ah oui, il ne faudrait pas tourner dans le mauvais sens ! C’est certain mais normalement cela ne vous traversera pas l’esprit puisque tout le monde tourne dans le sens des aiguilles d’une montre, vous le ferez aussi. Non, la difficulté c’est que les gros ronds-points sont bien trop organisés pour moi ! Il y a des files et il faut bien suivre la bonne – je préfère le flou de positionnement des ronds-points en France… Après, il y a des gens qui préfèrent le style anglais. Heureusement, les Anglais conduisent plutôt en gentlemen donc ça aide si jamais on doit changer de file parce qu’on s’est trompé dans notre positionnement. L’autre chose surprenante c’est qu’il y a des feux au milieu des ronds-points mais pour le coup cela m’aide à prendre mon temps pour trouver où je dois aller ;-). En terme de priorité, avant de rentrer sur le rond-point vous laissez passer les voitures qui sont déjà dans le rond-point (même règle qu’en France). La photo ci-dessous c’est pour rire : il n’y a qu’un seul rond-point aussi dingue dans le pays (du côté de Cirencester) ! Les autres ont certes plusieurs voies mais pas plusieurs cercles !