Cette semaine, c’était le retour à l’école : les enfants ont remis leur uniforme qu’ils portent à présent dans la version hiver : tous les jours avec le pull. Fini les chemisettes ! Et pour Titpuce, les collants ont remplacé les chaussettes. En même temps, nous sommes en novembre ! Et les Anglais ne sont quand même vraiment pas frileux car pour le sport, les enfants sont encore en short et en t-shirt ! Mais bon, personne ne tombe plus malade qu’en France donc tout va bien. Juste avant nos vacances à Malte, vous avez dû sentir que j’avais moins le moral qu’au début car la vie dans la campagne anglaise est parfois trop calme pour moi. Notre voyage m’a redonné de l’énergie. J’ai passé une bonne semaine outre-Manche, une semaine plutôt chargée !
Les feux d’artifices de Guy Fawkes : ils sont bizarres ces Anglais à fêter la non réalisation d’un complot ! N’est-il pas plus naturel de fêter des victoires plutôt que des échecs d’événement négatifs ? Guy Fawkes n’a pas réussi à mettre le feu au Parlement le 5 novembre 1605 lors de la Conspiration des Poudres et donc c’est jour de fête avec feux d’artifices (fireworks) et grands feux (bonfires) dans tout le pays ! Etrange mais bon… Nous avons participé à la fête ! Cette semaine, quasiment chaque jour il y avait un feu d’arficice organisé quelque part. Nous en avons choisi un qui était tiré depuis la plage. Il y avait une super ambiance. Par contre, un feu d’artifice un 5 novembre c’est la garantie d’avoir bien froid ! On a mieux fait les choses en France avec notre 14 juillet :-). Ticoeur et Titpuce ont adoré l’expérience et ils ont gambadé sur la plage avec les autres enfants avant d’admirer le spectacle dans la nuit qui fort heureusement tombe très tôt en cette saison !
L’école anglaise : franchement, je ne pensais pas que je le dirais si tôt mais nous sommes vraiment sur un rythme de croisière. Ticoeur et Titpuce n’ont pas besoin de beaucoup de temps pour faire leurs devoirs. Titpuce fait sa lecture du jour et ses quelques lignes d’écriture sans difficulté. Elle écrit toujours en utilisant les lettres cursives françaises. Par contre, je me suis rendue compte que Ticoeur vient d’abandonner l’écriture française pour l’écriture anglaise. J’en étais un peu triste, d’autant plus que sa maîtresse lui avait laissé le choix mais il se trouve qu’il écrit bien mieux en script lié qu’en écriture cursive donc je le laisse faire… L’essentiel c’est que ce soit joli finalement :-). La maîtresse a, elle aussi, pu constater que son écriture était devenue plus soignée et elle lui a donné le « permis d’écrire avec un stylo ». C’est vraiment une petite carte, au format permis de conduire et elle ne l’a attribuée qu’à 5 élèves pour l’instant. Bravo mon Ticoeur ! Aussi, quand la maîtresse a vu tous les livres que Ticoeur avait lus en anglais pendant les vacances (les enfants ont un carnet pour marquer leurs letures), elle a décidé de passser à la vitesse supérieure et donc elle vient de prêter à Ticoeur The Twits de Roald Dahl (Les deux gredins) pour sa lecture de la semaine. Aucun élève n’a les mêmes devoirs en lecture. Le choix des livres est adapté au niveau et aux goûts de chaque enfant. Pour l’oral, je vois que Titpuce comprend de plus en plus, jour après jour, mais la maîtresse me dit qu’elle ne parle toujours pas… Cela dit, moi je l’ai entendue parler anglais avec ses copines : des bouts de phrases juste, mais c’est un début… ça commence ! Aussi, à l’école, il y a toujours ces récompenses qui encouragent : cette semaine mes amours ont remporté des rewards en anglais et en musique. Quant au sport, pour Ticoeur, les entraînements de foot ont été remplacés par le rugby pour la fin de ce trimestre. C’est une découverte pour lui. A suivre ! En tout cas, comme les devoirs ne nous occupent pas trop, nous avons le temps de faire un peu de français chaque soir. Depuis cette semaine, les enfants tiennent leur journal de bord en français. J’avais également fait tenir un journal à Ticoeur pendant notre tour du monde et cela avait porté ses fruits donc je reprends l’idée. Et bien sûr, on lit aussi en français. Titpuce a encore du mal avec nos diphtongues. Elle a l’occasion de les revoir à l’école française le samedi matin à Southampton où sa maîtresse fait un travail remarquable. Bref, tout roule pour l’instant et l’école est toujours le plus gros avantage que je vois à notre expatriation en Angleterre !
Ces Anglais qui nagent trop bien ! Je savais que le niveau de natation à l’école anglaise était meilleur qu’en France mais j’ai été complètement bluffée cette semaine quand j’ai vu tous les élèves de l’école nager le crawl super bien ! De futurs Michael Phelps ! En effet, lundi il y a eu une rencontre entre les différentes houses (il y a trois maisons dans l’école) et donc tous les enfants à partir de Year 3 ont participé à des courses en relais tandis que les parents hurlaient au bord de la piscine pour les encourager. C’était impressionnant ! Ils sont à l’école primaire et même quand j’étais au collège quasi personne ne nageait aussi bien que ces petits anglais ! Comme Titpuce est en Year 2, sa classe ne participait pas à l’interhouses mais si l’an prochain elle est sensée avoir ce niveau de natation on n’est pas rendu !!! Nous l’avons inscrite à des cours en plus de sa session hebdomadaire à l’école mais la route est longue… Après avoir vu le niveau de tous ces enfants, nous pensons que nous allons aussi inscrire Ticoeur à des cours car il nage certes très bien la brasse coulée mais il est quasi-débutant en crawl or le crawl est vraiment la nage reine à l’école. Seuls deux ou trois enfants ont nagé la brasse pendant la compétition. Il faut dire, que pour la vitesse, le crawl bien exécuté est plus efficace (je précise « bien exécuté » car moi je suis plus lente en crawl qu’en brasse ! Mon côté français peut-être…). Bref, on se met la pression sur la natation ici !
Remembrance Day : cette année, on fête les cent ans de la fin de la Grande Guerre. En Angleterre, ils n’ont pas attendu le centenaire pour célébrer le 11 novembre : c’est un jour important chaque année. Il y a beaucoup plus de mobilisation qu’en France. Quasi tout le monde porte des coquelicots (poppies) en souvenir des soldats. Dans toutes les écoles, c’était clairement le thème de la semaine, que ce soit pendant l’Assembly (cette grande réunion hebdomadaire avec tous les enfants) ou pendant les cours d’Histoire. En France, la fleur symbolique en ce jour est le bleuet, non le coquelicot. Je n’ai jamais vu personne le porter d’ailleurs, pourtant il paraît que cela s’est répandu en France depuis quelques années (ou peut-être cette année avec le centenaire ?). Bref, j’ai parlé de ces bleuets aux enfants et savez-vous ce que ma puce a fait ? Quand sa maîtresse a distribué des coloriages représentant des coquelicots pour décorer l’école à l’occasion de Remembrance day, et bien ma puce a colorié ses coquelicots en … bleu !!! La maîtresse a été très très surprise ! J’aurais dû expliquer à Titpuce qu’un bleuet ne ressemblait pas à un coquelicot mais bon ! Finalement la maîtresse a compris et a adoré l’idée de mixer le coquelicot et la couleur pour la France ! Ma Titpuce va encore gagner un reward pour ses talents d’artiste :-). Hier matin, il y a eu une très belle cérémonie dans le grand hall de l’école. La chorale (dont je fais partie) a chanté : 100 personnes qui chantent c’est drôlement émouvant ! Les enfants ont chanté aussi avec nous. Nous avions pas mal répété pour ce jour de mémoire et je pensais que j’étais prête. La prof de chant nous avait dit qu’elle espérait qu’on ferait pleurer le directeur mais elle n’avait pas prévu qu’il nous devancerait ! Il a fait un tel discours que nous étions nombreux à verser des larmes ; je n’ai même pas réussi à chanter les premières phrases quand le piano a commencé à retentir dans le grand hall ! A chaque fois qu’il y avait des notes aigües j’ai chanté tout bas pour qu’on ne sente pas les tremblements dans ma voix. Je n’avais pas pensé à ce problème technique : comment chanter quand on est ému ? J’avais pleuré comme une madeleine quand au lycée nous avions passé une journée à Verdun (tout le monde devrait aller une fois à Verdun…). Depuis, je n’avais jamais rien fait de spécial le 11 novembre. C’était juste un jour férié. Point. Je ne m’attendais donc pas à tant d’émotions ce jour-là. Mais quand le directeur nous a montré les photos des 13 enfants qui ont été élèves dans notre école et qui sont morts pendant la Seconde Guerre Mondiale, comment ne pas craquer ? Devant ces images en noir et blanc, d’enfants heureux, drôles et chamailleurs… Parce qu’en plus, le directeur avait fouillé dans les archives, dans un journal tenu par le directeur de l’école à l’époque et il a trouvé quelques anecdotes à propos de ces enfants… Avec ces histoires pleines d’innocence et ces vieilles photos, les victimes ne sont plus anonymes, ne sont plus juste des chiffres, ne sont plus inconnues… Nous avons pleuré pour elles. Puis, trois enfants des plus grandes classes ont lu de très beaux textes qu’ils avaient écrits sur le thème de la paix. Enfin, pour clore la cérémonie il y a eu la minute de silence, à 11h, heure à laquelle la guerre s’est terminée. Là encore, le directeur l’a rendue particulièrement forte : il nous a passé la bande-son enregistrée par un soldat anglais. Nous avons ainsi écouté les 45 dernières secondes de bombardements et les 15 premières secondes de paix quand les oiseaux chantent, quand l’eau clapote, quand la vie repend son cours.
Je vous laisse avec des photos paisibles de mes balades de la semaine, dans mon petit coin du sud de l’Angleterre…
Belle semaine à tous !